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BOUAKE A ACCUEILLI LA 3ÈME ÉDITION DES INSTANTS CONFRATERNELS DE MA RÉGION

Activité très courue par les pharmaciens de tous secteurs confondus, qui a commencé par un départ joyeux à la Maison du Pharmacien à Abidjan, siège social de l’Ordre National des Pharmaciens de Côte d’Ivoire, tôt ce mercredi 5 juin. Les Instants Confraternels de ma Région avaient pour lieu d’accueil la ville de Bouaké et son espace de travail, l’Université Internationale ICK de la ville éponyme. Pour cette 3ème édition, deux journées de retrouvailles et de convivialité étaient prévues. Ces journées permettent aux pharmaciens de se retrouver et de renforcer le sentiment d’appartenance à la profession. Le thème de cette rencontre confraternelle s’intitulait « À l’écoute du maître ».

 

À L’ECOUTE DU MAITRE

Les Instants Confraternels de ma Région font partie du calendrier annuel des pharmaciens du 225 depuis bientôt trois ans. Le CROP-Centre était l’hôte de cette activité. En 2015, en franchissant le cap de 1500 pharmaciens, il était impératif pour le Conseil de l’Ordre des Pharmaciens de procéder à une décentralisation. Ainsi, l’Ordre a créé des conseils régionaux, parmi lesquels ceux du Sud, 1 et 2, du Centre, de l’Est, et plus récemment du Nord. Dr. DA Léonce du CROP-Sud 2, a précisé que cette décentralisation ne vise pas à diviser la profession, mais à faciliter son exercice en ajoutant des bras supplémentaires. « Il s’agit pour l’Ordre National des Pharmaciens de Côte d’Ivoire de se donner plusieurs tentacules pour travailler, et les Instants Confraternels sont nés de telles ambitions », a-t-il précisé.

Dr. ADO Désiré, un des doyens présents à cette activité, a encouragé cette tradition des retrouvailles. Il s’est dit satisfait et content de la renaissance de cette mentalité confraternelle. Pour lui, le socle de la fraternité confraternelle peut aussi reposer sur la promotion d’un intérêt commun, notamment en développant d’autres secteurs du domaine pharmaceutique afin de décongestionner le domaine de l’officine.

Se rapprocher et être à l’écoute du maître, c’était le thème qui a réuni ces professionnels du médicament. Il était question de rendre un vibrant hommage aux actions menées par le doyen Dr. FOFANA Mamadou Yacine, pharmacien, titulaire de la pharmacie de la Grande Mosquée à Bouaké, directeur fondateur des Laboratoires GALEFOMY, icône de l’industrie pharmaceutique en Côte d’Ivoire. Le Dr. FOFANA, qui a consacré sa vie à la recherche, a mis sur pied un laboratoire de fabrication de médicaments traditionnels, au péril de son épanouissement personnel. Il a souvent témoigné des difficultés qu’il a traversées et, malgré le temps et l’effet de l’âge, il continue de persévérer dans la recherche en plantes médicinales.

Pour le président du CROP-Centre, Dr. KOUADIO Brou Pascal, cette rencontre est l’occasion de sympathiser avec les pharmaciens de la corporation et de rendre hommage à ce que leurs enseignants leur ont inculqué. « Nous sommes le conseil qui reçoit aujourd’hui la 3ème édition des Instants Confraternels de ma Région. Recevoir ces éminents pharmaciens et surtout nos enseignants, c’est une joie de rendre ce que nos professeurs nous ont donné, de revivre des matières que nous avons étudiées jadis, de sympathiser avec nos pharmaciens de toutes générations : nos aînés, nos petits frères, nos promotions. À l’écoute du maître, c’est encore aller se former auprès des maîtres qui nous ont enseigné, en restant toujours à leur écoute, pour mieux servir la profession », a-t-il indiqué.

 

L’HISTOIRE DE L’INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE EN COTE D’IVOIRE

Lors de cette rencontre, un enseignement Post Universitaire a eu lieu à l’Université Internationale de Bouaké.

Le Professeur Alain N’GUESSAN, enseignant-chercheur, a présenté un EPU (enseignement post-universitaire) sur l’histoire de l’industrie pharmaceutique en Côte d’Ivoire. Après avoir dressé la genèse de cette industrie qui peine à décoller, il a souligné que l’État devrait soutenir davantage cette industrie, caractérisée par un manque de financement, d’infrastructures adéquates, un marché étroit, une réglementation insuffisante, et le phénomène d’importation de médicaments subventionnés qui tue le marché local. Selon lui, il est grand temps de développer des pôles de fabrication dans chaque région, de former les praticiens de la médecine traditionnelle, et de travailler sur la qualité en innovant dans les médicaments traditionnels améliorés (MTA). Bref, il a déclaré qu’il est temps que l’État facilite la vie au secteur de l’industrie pharmaceutique ivoirienne.

Le Prof. Alain N’GUESSAN a insisté sur l’importance pour les jeunes générations de connaître l’histoire de leur profession pour améliorer les produits pharmaceutiques en Côte d’Ivoire. Il a souligné que, contrairement aux pays anglophones où le capital des entreprises pharmaceutiques n’est pas forcément détenu par des pharmaciens, il est possible pour des particuliers de créer une industrie pharmaceutique et de confier la partie technique aux pharmaciens. Il a conseillé de libérer le capital des entreprises pharmaceutiques, de protéger le marché local, souvent en concurrence avec les entreprises extérieures, et de mutualiser au niveau de la sous-région les entreprises pour plus de rentabilité.

 

SOUTENIR LES TRADIPRATICIENS

Le Dr. Linda KABORE BOUBOUTOU, experte et consultante en médecine traditionnelle, a plaidé en faveur des tradipraticiens. Elle a demandé aux pharmaciens présents de soutenir cette catégorie de chercheurs et de fabricants de médicaments par les plantes. « Je suis ravie en cette journée de confraternité de voir comment les pharmaciens commencent à s’intéresser à la médecine traditionnelle. J’ai cru en cette médecine et en ses praticiens depuis la première édition d’Africa Santé Expo, malgré les réticences initiales des pharmaciens. Notre rôle est de mener ces praticiens à une démarche qualité afin qu’ils proposent des produits de qualité aux populations. » Elle a rappelé que 77% des médicaments chimiques sont à base de plantes, mais que la matière première est peu exploitée. Elle a insisté sur la formation de ces praticiens et sur l’importance pour les pharmaciens de les soutenir sans s’approprier leurs secrets, car le chantier est vaste.

 

DEVOIR ACCOMPLI

Pour les pharmaciens présents, cette 3ème édition des Instants Confraternels est une fierté et un sentiment de devoir accompli. « Nous sommes fiers de cette 3ème édition des Instants Confraternels. Nous sommes une profession diversifiée, avec des doyens, des anciens et des nouvelles générations. Ces moments nous permettent de nous côtoyer et de partager, en dehors de nos pratiques quotidiennes, nos expériences. C’est un partage d’expériences qui rend notre profession plus vivante », nous a confié le Dr. KOFFI Emmanuel, pharmacien et président de la MAPHAR, une mutuelle pour pharmaciens. Pour le Dr. DA Léonce, Président du CROP-Sud 2, cette 3ème édition est un sentiment de devoir accompli. « Nous sommes des responsables des régions pharmaceutiques, des pharmaciens, et nous appartenons à une profession organisée en ordre et aspirant à l’excellence. L’une des visions de l’Ordre lors de la décentralisation était d’exprimer le sentiment d’appartenance, que le pharmacien diplômé, à quelque niveau que ce soit, se sente en famille, accompagné par de nombreuses autres personnes des générations antérieures et nouvelles. Chacun donne le meilleur de soi pour des résultats appréciables », a-t-il souligné.

L’enseignant-chercheur Prof. Alain N’GUESSAN s’est dit honoré d’avoir été invité. « C’est la première fois que je participe à ces journées en 20 ans de carrière. J’ai été invité par la SOPHACI, présidée par le Pr. AKA, à qui je dis merci de m’y avoir associé. J’ai retrouvé des amis de longue date, c’était une bonne occasion de rigoler, de se retrouver, tout en faisant des EPU. C’est intéressant car on allie l’utile à l’agréable. Ce sont des initiatives à encourager pour les années futures, et je compte y participer les prochaines fois », nous a confié le Prof. Alain NGUESSAN.

 

VISITE AUX LABORATOIRES GALEFOMY

La première journée des Instants Confraternels à Bouaké a vu la visite des pharmaciens aux laboratoires GALEFOMY du Dr. FOFANA Yacine, pharmacien herboriste, praticien de la médecine par les plantes, fabricant de médicaments qui, depuis 40 ans, œuvre dans la recherche et le développement des plantes médicinales comme vertus thérapeutiques pour la santé des populations. Plus de 60 pharmaciens ont suivi les pas de cet érudit de la pharmacopée ivoirienne et se sont abreuvés de son savoir. Pour clôturer cette visite, le Dr. FOFANA leur a offert un cours de phytothérapie dans son espace d’exercice, qui a captivé toutes les attentions.

 

CERTIFICATS DE RECONNAISSANCE

 Une soirée hommage et conviviale, agrémentée de mets succulents et d’une ambiance bon enfant, s'est tenue dans la salle des fêtes de l'université internationale ICK de Bouaké. Le Dr DEIMBA Thiam, représentant le Président du Conseil National de l'Ordre des pharmaciens, Dr DIARRA Arounan, empêché, a délivré les encouragements de ce dernier aux pharmaciens du CROP-Centre. Il a également souligné l'importance du financement de l'industrie pharmaceutique. Dr Thiam a rappelé que les souscriptions pour le projet FINPHARMA sont toujours ouvertes et a exhorté tous les pharmaciens à participer à cet effort pour favoriser l'émergence de l'industrie pharmaceutique en Côte d'Ivoire.

Au cours de cette soirée également, hommage a été rendu aux maitres. Des certificats de reconnaissance ont été remis aux pharmaciens ayant marqué la profession par leur parcours inspirant, comme le Dr. FOFANA Mamadou Yacine, doyen officiellement reconnu par ses pairs, et plusieurs autres pharmaciens pour leur engagement exceptionnel et leur contribution remarquable à l’industrie pharmaceutique. Le Dr. ADO Désiré, pharmacien-conseil en phytothérapie, a reçu la distinction de Gardien de la Renaissance pour la promotion de l’industrie pharmaceutique locale, tandis que le Dr. TEA Gérard a été fait ambassadeur de la Confraternité de la profession pharmaceutique du CROP-Sud 1 et 2.

INSTANTS PLANTING

La deuxième journée des Instants Confraternels était aussi bien remplie que la première. Tôt le jeudi matin, les pharmaciens se sont rendus au jardin botanique de la ville pour un instant planting. Après une séance de fitness en pleine nature, un planting d’arbres à essences spécifiques et médicinales a eu lieu, sous la supervision d’une équipe des Eaux et Forêts de Bouaké et du CNRA (Centre National de Recherche Agricole). Par cet acte, les pharmaciens s’engagent dans la restauration de l’environnement, le bien-être et la santé des populations, et contribuent à la reforestation du pays. Pour le Président du CROP-Centre, Dr. KOUADIO Pascal, il s’agit de planter des essences médicinales pour développer l’industrie des médicaments à base de plantes. « En ce qui concerne le planting, vous constaterez que le domaine forestier ivoirien diminue chaque jour. Dans le plan d’action de l’Ordre des pharmaciens, il existe également des actions sociales. Nous avons donc décidé de faire du reboisement pour permettre au pays de récupérer une partie de ses forêts. Nous plantons des essences médicinales pour développer les médicaments à base de plantes et créer des plantations de pharmacies, alimentées par des plantes médicinales, pour le bénéfice de la population », a-t-il expliqué.

 

Cette 2ème journée s’est achevée autour d’un excellent buffet généreusement offert par la marraine des tradipraticiens de Côte d’Ivoire, le Dr. Linda KABORE BOUBOUTOU, à sa somptueuse demeure. Les pharmaciens ont ensuite regagné leurs domiciles dans la convivialité, se donnant rendez-vous pour la 4ème édition.

 

Edith N


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